août 08, 2012

A PROPOS DU SYMBOLE DE SAINT ATHANASE


L'explication de ce texte, par feu l'évêque Basile Krivocheine:

En ce qui concerne le symbole dit de saint Athanase connu également par les premières paroles de son texte original latin : Quicumque vult, le lieu et le moment de son apparition sont, sans doute, toujours discutés par les historiens de l'Eglise; cependant il ne saurait certainement être question de son appartenance à saint Athanase.

Tout est contre une telle attribution : le texte latin original, le fait que ce symbole était inconnu en Orient, que sa terminologie n'est pas athanasienne, que l'expression classique d'Athanase consubstantiel ne s'y trouve pas, que sa christologie est plus tardive, qu'il n'y a aucune référence à ce symbole dans les oeuvres d'Athanase et, enfin, le fait que lui-même était un adversaire résolu de la composition de tout symbole autre que celui de Nicée.

Il ne se serait pas contredit lui-même en composant son propre symbole. Ce qu'il y a de plus probable, c'est que le symbole pseudo-athanasien a été composé en latin aux VIe-VIIe siècles en Gaule méridionale; son texte définitif ne fut établi que vers le IXe siècle. L'enseignement sur la sainte Trinité y est exposé dans l'esprit de saint Augustin avec le primat de la nature sur les Hypostases qui lui est propre : le «Commencement» n'y est pas le Père, comme dans le Symbole de Nicée et les autres symboles anciens, selon la théologie de tous les pères grecs, mais le Dieu un dans la Trinité, la «monarchie» du Père, source et cause unique, y étant manifestement diminuée. Toute cette théologie typiquement augustinienne donna naissance au Filioque pour aboutir ensuite chez Thomas d'Aquin à l'identification entre l'essence et l'énergie dans la Divinité.

 En effet, le texte latin du symbole pseudo-athanasien qui existe actuellement contient l'enseignement sur la procession de l'Esprit saint du Père et du Fils, quoique sans employer l'expression Filioque : Spiritus Sanctus a Pâtre et Filio... procedens. Ce Symbole, mentionné pour la première fois en Occident en 660 au Concile d'Autun, finit par y être d'un emploi général vers le IXe siècle.

 Il demeura toutefois complètement inconnu à l'Orient orthodoxe. Pour la première fois on l'y rencontre aux IXe-XIe siècles, lorsque les latins s'appuyèrent sur ce texte dans leurs discussions avec les grecs orthodoxes au sujet du Filioque. Ceci eut lieu dans la discussion bien connue entre les moines grecs et les bénédictins latins à propos du Filioque au Mont des Oliviers en 807-808 et à Constantinople en 1054 au temps du cardinal Humbert. Ce furent aussi les latins qui traduisirent au XIIIe siècle le Symbole pseudo-athanasien en langue grecque à des fins polémiques. D'autres traductions grecques apparurent d'ailleurs peu après, faites par des orthodoxes et d'où les paroles et Filio étaient exclues.

Ainsi «corrigé» ce symbole connu une certaine diffusion et autorité dans la théologie orthodoxe. Sa traduction slavone (sans et Filio, bien entendu !) fut même introduite, depuis l'époque de Syméon de Polotsk, dans le texte imprimé du Psautier liturgique (Slédovannaya Psaltir) et le texte grec, à la fin du XIXe siècle dans l'Horologion grec. Les toutes dernières éditions de celui-ci ne le contiennent d'ailleurs plus.

 L'opinion suivante, exprimée par le métropolite Macaire, illustre l'importance qu'avait le symbole pseudo-athanasien dans la théologie russe du XIXe siècle : «Vers cette même époque apparut un symbole appelé Symbole d'Athanase... Quoi qu'il n'ait pas été composé lors des Conciles oecuméniques, il était adopté et respecté par toute l'Eglise». Un peu plus loin il recommande, parallèlement au Symbole de Nicée-Constantinople et aux confessions de foi des Conciles oecuméniques le Symbole «connu sous le nom de saint Athanase d'Alexandrie, accepté et respecté par toute l'Eglise», en tant que fondement sûr de la théologie.

 Cette affirmation est inexacte matériellement : L'Eglise orthodoxe catholique n'a jamais nulle part exprimé son jugement sur le symbole pseudo-athanasien, ni accepté celui-ci. Le professeur J. Karmiris exprime son attitude envers ce symbole, de même qu'envers celui qu'on appelle «des Apôtres», avec plus de circonspection. Sans défendre leur authenticité et tout en reconnaissant entièrement leur origine occidentale, il considère utile cependant de reconnaître officiellement les deux symboles, sinon à l'égal de celui de Nicé-Constantinople, du moins comme des documents dogmatiques anciens et vénérés, ne contenant rien de contradictoire à la foi orthodoxe (une fois le et Filio exclu, évidemment).

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