avril 26, 2011


LA NATIVITÉ DU CHRIST,
ICÔNE DE SA DESCENTE AUX ENFERS

Comme pour le précédent article, il n'a pas été possible de placer les figures,  pour cet article complémentaire à celui de Pâques, je renvoie le lecteur aux artivles placés sur ma page de Facebook.

Dans l’Église orthodoxe, la Nativité du Christ est une fête très importante. Liturgiquement, l’Église voit en elle l’icône de la fête de Pâques. C’est la raison pour laquelle, dans la partie consacrée aux éphémérides du "Psautier commenté", la fête de la Nativité est appelée « Pâques, fête de trois jours ». La notion de « trois jours » doit être comprise non pas sur le plan de temps (durée), mais dans le sens qualitatif : liturgiquement les offices de la Nativité contiennent des éléments du Vendredi Saint, du Samedi Saint et de Pâques. Ces éléments se retrouvent dans les offices des 24 et 25 décembre, à savoir : (1) le 24-XII « les Heures Royales » (Vendredi Saint), (2) le 25-XII les Vêpres avec la liturgie vespérale de St Basile (Samedi Saint) et enfin (3) la liturgie eucharistique matinale de St Jean Chrysostome le jour de la Nativité (Pâques).
Dans la mesure où le 24 décembre correspond aux deux derniers jours de la Semaine Sainte, l’Église prescrit un carême semblable à celui de cette semaine.
Il est très important de comprendre que, du moment où il y a relation très étroite entre les événements liés à la fête de Pâques, fête mobile, et les événements de la Nativité, fête fixe, l’expression liturgique de la Nativité se manifeste simultanément à travers ces deux cycles : fixe et mobile (pascal). En ce qui concerne le cycle mobile (pascal), la semaine en est une sorte d’unité où le septième et dernier jour, samedi, est étroitement lié avec le premier (ou huitième), dimanche, et c’est précisément le Samedi Saint avec Pâques qui rendent ce couple de jours de la semaine très particuliers, comme vision du « Jour Un » du début de la création :
« Et Dieu appela la lumière : jour, et les ténèbres : nuit. Il y eut un soir et il y eut un matin, jour Un ». (Gen. 1, 5)
Le Samedi Saint correspond au domaine occupé par les ténèbres (nuit) et Pâques à la lumière (jour).
 Ainsi le samedi, au prix de la mort du Christ (sa descente aux enfers), est libéré des ténèbres, et la Lumière de la Résurrection envahit son domaine ; et le Jour Un prend l’aspect du Huitième où il n’y a plus de ténèbres.
 « De nuit, il n’y aura plus ; ils se passeront de lampe ou de soleil pour s’éclairer, car le Seigneur Dieu répandra sur eux Sa Lumière et ils règneront dans les siècles des siècles. » (Apoc. 22, 5).
Liturgiquement cette particularité du samedi et du dimanche se manifeste dans la fête de la Nativité du Christ chaque fois qu’il y a occurrence du 24 décembre ("Vendredi et Samedi Saints" de la Nativité) avec le samedi ou dimanche de la semaine.
En ce qui concerne le 25 décembre, si ce jour (la fête) est un dimanche, l’aspect liturgique ne subit aucun changement. L’office dominical est supprimé, et toute l’attention est concentrée sur l’événement de la Nativité du Seigneur dans lequel l’Église voit aussi sa Résurrection.
Quant au 24 décembre, qu’il tombe un samedi ou un dimanche, tout d’abord il n’y a pas de carême (au plan liturgique), ensuite la structure liturgique elle-même subit des modifications notables.
D’une manière générale, la célébration de la liturgie de St Basile est un signe de la préparation à un événement important, surtout lorsque cette liturgie est célébrée en liaison avec les vêpres – c’est une sorte d’entrée (eucharistique) dans les ténèbres (descente aux enfers) pour porter le coup mortel et définitif à la mort elle-même.
Remarquons, à propos du samedi, que dans l’année liturgique, la liturgie eucharistique vespérale est célébrée uniquement le Samedi Saint : Une fois le Christ descendu aux enfers la mort est vaincue, et le samedi (de l’année liturgique) devenant l’expression de cette victoire, sa liturgie eucharistique est obligatoirement matinale et de St Jean Chrysostome, comme au jour de Pâques.
Cette année (1989), le 24 décembre dans l’ancien calendrier coïncide avec un samedi et dans le nouveau avec un dimanche. Étant donné que le samedi (et d’autant plus le dimanche) exige sa liturgie eucharistique matinale (de St Jean Chrysostome), cette année elle sera célébrée à la place des « Heures Royales » qui seront reportées au vendredi précédant le 24-XII (le 23-XII ou le 22-XII), et dans ce cas la liturgie eucharistique de ce vendredi sera supprimée, comme au Vendredi Saint. Quant au 24 décembre, il faut tout d’abord célébrer la liturgie eucharistique de St Jean Chrysostome, après laquelle on célèbrera le début des vêpres du 25 décembre qui normalement précèdent la liturgie vespérale de St Basile, et ces vêpres s’achèveront au moment où normalement (aux vigiles) commence la litie. Cette dernière est déjà incluse dans les Vigiles de la Fête de la Nativité (entre les grandes Complies et Matines). Quant à la liturgie eucharistique de St Basile elle sera célébrée exceptionnellement le jour même de la Fête, le 25 décembre à la place de la liturgie de St Jean Chrysostome. Ainsi la Fête de la Nativité du Seigneur qui préfigure normalement la Résurrection, dans ce cas précis, par la présence de la liturgie de St Basile, évoque particulièrement le Samedi Saint. La venue du Fils de Dieu dans ce monde déchu, et acceptant la mort, devient l’Icône de la descente aux enfers (Samedi Saint).
Dans le cas où le 24 décembre coïncide avec le dimanche, un détail liturgique supplémentaire justifie cette affirmation : aux Matines de ce jour, l’office dominical (selon l’octoèque) est pratiquement supprimé, il est remplacé par des éléments hymnographiques composés en vue de ce cas et placés dans le Ménée (l’office des Saints Pères). À travers ces éléments l’Église met l’accent sur la Passion du Christ qui précède Sa Résurrection, et les hirmi du canon dominical sont remplacés par ceux des Matines du Samedi Saint.
En conclusion, rappelons la stichère dominicale des matines à Laudes du 5e ton (ton pascal) :
« Tu es passé à travers le tombeau comme Tu es né de la Mère de Dieu ».

Nicolas Ossorguine
Décembre 1989

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